jeudi 25 janvier 2007

Etude d'impact: lacunes, insuffisances et contradictions...


Le vendredi 24 avril dans la salle des Ribandeaux, Claire Choblet de l’Université de Nantes et Vincent Andreu-Boussut de l’Université du Maine, ont présenté devant 400 personnes le résultat de leur analyse de l’étude d’impact effectuée pour l’enquête d’utilité publique.

Leurs conclusions sont sans appel.

Le site du Payré mérite-t-il vraiment d’être protégé ?

Vincent Andreu-Boussut : C’est une évidence. Le Payré, entre le bourg de Talmont et le Veillon est un site paysager et naturel remarquable. Il a été ainsi classé Znieff type 2. En clair cela signifie que le Payré doit être protégé du fait de sa diversité végétale et animale.

Claire Choblet : j’ajoute que le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) fixe les orientations fondamentales pour une gestion équilibrée de l'eau dans le bassin Loire-Bretagne pour les dix ou quinze prochaines années. Or le SDAGE précise entre autres que le littoral et les estuaires doivent faire l’objet d’une attention particulière. Le Payré s’inscrit dans ce cadre.

En quoi le classement en ZNIEFF est-il justifié ?

Vincent Andreu-Boussut : on recense 74 espèces végétales déterminantes dont 4 sont protégées au niveau national comme l’Orchis punaise. Par ailleurs on dénombre 49 espèces animales déterminantes dont plusieurs sont protégées par des Directives européennes. Par exemple, la loutre qui figure sur la liste des espèces menacées en France.

Et pourtant, une étude d’impact a bien été réalisée lors de l’enquête publique !

Claire Choblet : nous avons étudié cette étude et nous avons constaté l’absence d’un inventaire précis de la faune et de la flore. Sans cet inventaire rigoureux, il était impossible d’établir une étude d’impact sérieuse. Les impacts prévisibles du projet de déviation sur ce patrimoine ont été sous-estimés : transformation profonde du paysage, pressions sur les écosystèmes, déstabilisation des dynamiques sédimentaires et hydrologiques.

Vincent Andreu-Boussut : nous avons relevé un certain nombre d’incohérences. La loi sur la protection de la nature de 1976 fait obligation de montrer les raisons pour lesquelles, notamment du point de vue des préoccupations d’environnement, parmi les partis envisagés qui feront l’objet d’une description, le projet a été retenu . Or il est écrit dans l’étude d’impact que le plateau, marqué par l’agriculture, présente peu d’intérêt en terme biologique… À l’inverse, les marais situés au sud du bourg de Talmont possèdent une richesse faunistique remarquable. Et ce n’est pas le seul exemple de contradiction entre la prise de conscience de l’intérêt remarquable de l’estuaire du Payré et la conclusion finale de l’enquête.

Avez-vous soulevé d’autres contradictions ?

Claire Choblet ; la modification du POS a amputé arbitrairement une partie de l’estuaire du Payré (voir article « La Voie du Nord n° 1 page 11). Le POS apparaît donc en contradiction totale avec la Loi littorale. Celle-ci indique que l’identification et la délimitation doit être conduite à une échelle géographique pertinente et porter sur des ensembles cohérents en faisant abstraction des limites administratives ou juridiques, elle prendra en compte les nombreuses informations disponibles tels que les inventaires déjà réalisés (znieff, sites inscrits…). Il est certain que l’estuaire du Payré va jusqu’au bourg de Talmont et ne s’arrête pas comme par hasard à l’endroit de la construction prévue de la déviation ! J’ajoute que la Loi littorale précise que les routes de transit sont situées à une distance minimale de 2000 mètres du rivage ou de la ligne des plus hautes eaux.

Votre conclusion ?

Vincent Andreu-Boussut : Je pense que le projet de contournement par le sud ne respecte pas la Loi littorale de 1976 sur la protection de la nature nous fait obligation de veiller à la protection du patrimoine naturel.

Claire Choblet ; je rappellerai la décision du Tribunal administratif de Nantes, en 2003, qui a condamné un projet dans le marais de Corsept-Paimboeuf, projet présentant de grandes similitudes avec la situation à Talmont. Le Tribunal a confirmé l’interdiction de tous travaux susceptibles d’altérer gravement l’équilibre hydraulique et biologiques des zones humides. Le projet prévu au sud détruirait le site remarquable et très riche du Payré.


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